Les plantes envahissantes


Les espèces envahissantes sont des plantes ou animaux qui se propagent rapidement, au détriment d’autres espèces, déstabilisant ainsi l’équilibre de l’écosystème et provoquant des dégradations environnementales importantes.

Il s’agit le plus souvent d’espèces « exotiques » introduites involontairement ou délibérément (animaux de compagnie, plantes d’ornement, élevages, … ).

Nous nous intéresserons ici plus particulièrement aux plantes envahissantes présentes en Wallonie.

 

Situation actuelle et problématique des espèces végétales envahissantes

 

Aujourd’hui, en Belgique, 30 espèces végétales sont mises en alerte noire et ± 30 espèces sont mises sous observation et sous contrôle par les spécialistes afin d’éviter leur propagation .

La plupart de ces espèces sont des plantes importées pour embellir nos jardins. Ces espèces finissent par se plaire, se reproduisent et envahissent les espaces sauvages, empêchant nos plantes autochtones de se développer.

 

L’établissement d’un équilibre dans un écosystème est un processus lent, où prédatés et prédateurs évoluent en parallèle afin de garder un équilibre au niveau des espèces. Introduire dans un écosystème une espèce inconnue qui a les capacités de se reproduire avec succès, déstabilise gravement cet équilibre et peut avoir des conséquences dangereuses pour le milieu dans lequel elle se développe.

 

Ce développement pose plusieurs problèmes :

- absence de réel prédateur pour ces plantes exotiques : ces espèces étant inconnues des prédateurs potentiels => prolifération anormale de la plante ;

- perte de diversité biologique au niveau des plantes, les espèces locales n’ayant plus la possibilité de se développer correctement et de se reproduire ;

- perte d’habitat pour les espèces dépendant des plantes disparues, telles que les insectes, les oiseaux, les mammifères, …   

 

Les plantes sous liste noire sont des espèces qui se sont bien installées dans toute la Belgique. Il n’est plus possible de les « éradiquer ». Seul un travail continu pour éviter leur prolifération excessive peut être effectué afin de limiter leur impact sur le reste de la faune et de la flore.

 

Liste des plantes envahissantes

 

Liste des plantes envahissantes en liste noire :

Crassule des étangs, Elodée à feuilles alternes, Jussie rampanten, Egéria, Séneçon en arbre, Myriophylle hétérophylle, Cotonéaster horizontal, Spirée blanche, Mahonia faux-houx, Aster lancéolé, Jussie à grandes fleurs, Spirée de douglas, Ailante glanduleux, Cornouiller soyeux, Renouée de bohème, Rhododendron, Myriophylle du brésil, Renouée de sakhaline, Hydrocotyle fausse renoncule, Aster à feuilles de saule, Solidage glabre, Rosier rugueux, Topinambour, Balsamine géante, Cerisier tardif, Berce du caucase, Renouée du japon, Solidage du canada, Elodée de nuttall, Elodée du canada, Raisin d'A

 

Liste des des plantes potentiellement nuisibles :

Spirée tomenteuse, Souchet vigoureux, Faux-arum, Lysichite, Sumac, Frêne rouge, Laurier cerise, Olivier de bohême, Rudbéckie laciniée, Erable à feuilles de vigne, Erable negundo, Lupin vivace , Azolla, Amélanchier d'amérique, Fraisier des Indes, Mimule tacheté, Renouée de l'himalaya, Spirée de billard, Scille d'espagne, Séneçon sud-africain, Robinier faux-acacia, Bident à fruits noirs, Balsamine à petites fleurs, Arbre aux papillons, Vigne vierge, Aster de viriginie, Lentille d'eau, minuscule, Chêne rouge, Ambroisie annuelle, Epilobe cilié, Onagre, Gaillarde

 

Comment lutter à notre échelle contre les espèces envahissantes ?

 

La lutte contre les plantes envahissantes n’est pas chose facile.

Certaines espèces on la capacité de créer des rejets. C’est particulièrement le cas des espèces ligneuses (par ex. : l’ailante glanduleux, l’aulne blanc, le cerisier tardif, le cornouiller soyeux, … )

D’autres ont la capacité de se régénérer uniquement grâce à un morceau de tige de racine.

Enfin, les graines des plantes peuvent rester dormantes plusieurs années avant de germer. Ce qui peut amener une plante qu’on pensait disparue à réapparaître plus tard.

 

Voici quelques consignes

1. Prévention :

- Ne pas planter dans son jardin des espèces reprises dans les listes ci-dessus.

- Favoriser les espèces indigènes et éviter de planter des espèces exotiques (qui risquent un jour de poser problème à leur tour)

Adresse pour obtenir des plantes indigènes :

https://www.ecoflora.be/fr-be/liste-des-produits/1-plantes

2. Lutte contre une espèce présente chez soi :

- porter des vêtements adaptés (risques de brûlures, écorchures, … )

- procéder à l’enlèvement de la plante le plus rapidement possible (moins elle est installée, plus elle sera facile à éliminer) ;

- arracher et éliminer l’entièreté de la plante ;

- limiter la dispersion des fragments de la plante dans l’environnement, ne pas remettre la plante arrachée dans un compost, ni dans la nature ;

- éviter le girobroyage ;

- nettoyer correctement les outils utilisés pour l’élimination de la plante ;

- empêcher les fleurs de monter en graines ;

- assurer des visites de contrôle sur les lieux pendant plusieurs années, afin de s’assurer que la plante ne repousse pas.

Selon les espèces, suivre les conseils sur le site web de la région Wallonne :
http://biodiversite.wallonie.be/fr/gerer-les-plantes-invasives.html?IDC=5706

3. Lutte contre une espèce présente dans la nature :

- Contacter la cellule des espèces envahissantes du SPW : invasives@spw.wallonie.be
et signaler ses observation sur le site web du SPW:

http://biodiversite.wallonie.be/fr/liste-d-especes-de-preoccupation-europeenne.html?IDC=6022

 

Focus sur quelques espèces

 

La berce du Caucase

Plante originaire de la Russie

Introduite dès le début du 20è siècle en Europe comme plante ornementale.

Sa tige principale peut atteindre 2 à 4 mètres de haut et porte une inflorescence en ombelle de 50 à 80 cm de diamètre, composée de 50 à 150 rayons. Chaque pied peut produire plusieurs milliers de graines qui peuvent rester en dormance pendant 7 ans.

 

Cette plante a un couvert dense, empêchant les autres espèces végétales de se développer.

De plus, elle est hautement photo-sensibilisante pour l’humain : la peau ayant été en contact avec la plante et exposée au soleil se retrouver avec de graves brûlures.

http://biodiversite.wallonie.be/servlet/Repository/?ID=30960

 À lire également : Berce du Caucase - Le suivi & Genesis.

 

Le renouée du Japon

Plante originaire d’Asie (Chine, Japon, Corée, Sibérie)

Introduite au 19è siècle en Europe comme plante ornementale.

Elle peut atteindre 4 mètres de haut. Sa reproduction est principalement végétative grâce à ses rhizomes, ce qui lui permet de coloniser rapidement des espaces et la rend particulièrement difficile à éliminer.

Elle aime les milieux humides (berges de cours d’eau, zones alluviales), mais également les bords de routes et les terrains abandonnés.

Son développement très rapide se fait au détriment des espèces locales, ce qui , en-dehors de la disparition des plantes indigènes, un diminution importante de la présence des autres espèces dépendantes des plantes locales (-40 % d’espèces animales dont -20 à 30 % d’invertébrés dans les zones où la renouée du Japon se développe).

De plus, sa présence favorise l’érosion des berges, avec tous les problèmes qui en découlent (risque d’inondations).

 

Cette plante est utilisée en Asie pour la consommation alimentaire (jeunes pousses) et en tant que remède médicinal.

http://biodiversite.wallonie.be/servlet/Repository/?ID=33212

 

La Balsamine de l’Himalaya

Plante originaire de l’Himalaya

Introduite au 19è siècle en Europe comme plante ornementale.

Cette plante au couvert dense s’adapte à de nombreuses régions. Chaque individu peut produire jusqu’à 2500 graines. De plus, on suspecte cette espèce de produire des substances qui inhibent la croissance des autres plantes.

Tout comme la renouée du Japon, sa présence favorise l’érosion des berges et donc augmente le risque d’inondations.

Attention de ne pas la confondre avant la floraison avec les balsamines indigènes …

http://biodiversite.wallonie.be/servlet/Repository/?ID=33350

 

Le solidage glabre (ou solidage géant)

Plante originaire d’Amérique du Nord

Introduite au 17è siècle en tant que plante ornementale.

Cette plante a des tiges pouvant atteindre 2 mètres.

Son couvert dense empêche les autres plantes de se développer, pouvant poser problème également pour les jeunes arbres.

Cette compétitivité serait également favorisées grâce à des interactions allélopathiques (sécrétion de substances chimiques inhibant la pousse des autres espèces).

Le solidage glabre se propage grâce à ses rhizomes, ce qui la plante rend difficile à éliminer. De plus, ses fleurs produisent un grand nombre de graines.

https://www.infoflora.ch/assets/content/documents/neophytes/inva_soli_gig_f.pdf

 

La spirée blanche

Plante originaire d’Amérique du Nord

Importée et 19è siècle comme plante ornementale.

Arbrisseau pouvant atteindre 2 mètres de haut.

La spirée blanche se reproduit principalement chez nous par voie végétative, grâce à ses rhizomes et des rejets.

En tant que plante rhizomateuse, elle pose les mêmes problèmes que d’autres plantes envahissantes : couvert dense empêchant le développement des autres plantes, dispersion rapide grâces à ses rhizomes, difficultés pour l’éliminer complètement.

De plus, la spirée blanche se plaît particulièrement dans les zones humides, déjà protégées pour leur intérêt écologique et la fragilité de ces milieux.

 

 

L’ailante glanduleux

Plante originaire de Chine et de Taïwan.

Introduite comme plante ornementale.

Arbre à croissance rapide pouvant atteindre 27 mètres.

L’ailante se propage facilement grâce à ses drageons, ce empêche de contrôler sa prolifération.

Elle produits des substances allélopathiques qui inhibent la croissance des autres espèces de plantes.

 

L’ailante glanduleux est utilisé en médecine chinoise.

 

Le cornouiller soyeux

Plante originaire d’Amérique du Nord.

Arbuste pouvant atteindre 6 mètres de haut.

Le cornouiller soyeux se propage facilement grâce à ses stolons et présente une forte capacité à la multiplication végétative. L’espèce est donc difficile à éradiquer et sa propagation est difficile à contrôler.

 

Attention de ne pas confondre le cornouiller soyeux avec les espèces indigènes …

http://www.provincedeliege.be/sites/default/files/media/8334/Cornouiller%20soyeux.pdf

 

L’arbre aux papillons (buddleja)

Plante originaire de Chine.

Importée à la fin du 19è siècle comme plante ornementale.

Arbuste atteignant 2 à 5 mètres de haut.

Ses fleurs, très odorantes, attirent massivement les papillons, entrant en concurrence avec d’autres espèces locales plus bénéfiques aux insectes.

Malheureusement, si elles sentent très fort, les fleurs du buddleja ne produisent que très peu de nectar. Cela amène à l’affaiblissement des papillons qui s’évertuent à vouloir butiner les fleurs et à leur mort précoce.

De plus, contrairement à d’autres espèces locales, le buddleja ne sert pas de ressource de nourriture pour les chenilles, ce qui pose problème pour les cycles de vie des papillons.

La plante est également toxique pour les poissons et pose donc problème quand elle se situe à proximité de l’eau.





Texte : Angélique Arys

Photos : La Berce du Caucase : AvB - Le renouée du Japon : http://espacepourlavie.ca - La Balsamine de l’Himalaya : capitphil - creativecommons.org - Le solidage glabre (ou solidage géant) : Kriss de Niort - La spirée blanche : https://www.istockphoto.com - L’ailante glanduleux : jlggb - creativecommons.org - Le cornouiller soyeux : Sulfur at the English language Wikipedia - L’arbre aux papillons (buddleja) : 004-07-31 06:30 Jeffdelonge 800×600×8 (84911 bytes) Buddleia (arbre aux papillons), photo J.F. Gaffard, [[Talmont-Saint-Hilaire]], juillet 2004, {{GFDL}}