La N5 et La Forêt
publié: 11.12.2015
La Nationale 5 ou (bientôt) E420 est initialement l’oeuvre des Hollandais. C’est Guillaume II (1792-1849), roi des Pays-Bas, qui avait ordonné les constructions. Après la débâcle de Napoléon en 1815 jusqu’à l’indépendance de la Belgique en 1830, l’Entre-Sambre-et-Meuse faisait partie des Pays-Bas. L’ordonnance de Guillaume II "stipule que ces routes sont établies, principalement pour le défense du pays et la circulation facilite les troupes chargées de sa défense"(1).
C’est ainsi que les travaux commencèrent. Mais: "le travail fut une corvée à charge des communes voisines". Entre autres: "Neuville fut taxé à faire 1.800 aunes de déblais et dut fournir 1.800 aunes de cubes de pierrailles (= mètres cubes ndlr)" (1). La ‘Grand’Route’ fut réalisée entre 1816 et 1824.
"La fin de la construction de cette route vit une floraison de naissances de malles-postes ou diligences entre Philippeville et Charleroi, Bruxelles, Couvin et Paris"(2).
Et voilà la naissance de la N5.
La Grand'Route d'antan (date?)
(collection privée)
1969 : presqu’un siècle et demi plus tard : Le long de la N5, alors une route à deux voies, tout près du pont actuel de la Quercinelle (la sortie pour Cerfontaine), qui fut construit entre 2000 et 2002, se trouvait le café Resto-Route. La clientèle se composait principalement de chauffeurs de camion. En cette journée de 1969 il y avait beaucoup de monde, et pas seulement des chauffeurs. Les gens y venaient pour acheter des parcelles du Bois de La Forêt à 16 francs belges (0,40 euro) pour un mètre carré.
Après une publicité dans divers journaux, comme dans L’Avenir, ces parcelles furent donc vendues au café Resto-Route par les frères Eric et Franz Roosens de Tarciennes, propriétaires, par diverses sociétés anonymes, entre autres d’une partie du Bois de La Forêt.
Toutefois : "En vue de vendre le domaine en parcelles, les dites sociétés l’ont divisée en lots, n’ayant pas sollicité le permis de lotir adéquat... "(3) En 1999 la Justice de Paix de Couvin stipule, concernant une situation identique à Bruly de Pesche : "le Domaine de La Forestière s'est initialement
développé dans la plus totale illégalité dans la mesure où il s’agissait d’une zone forestière divisée en plus de 400 parcelles sans que cette division n’ait fait l’objet d’un permis de lotir et qu’il existât des équipements collectifs. Ce terrain boisé fut pratiquement loti entièrement durant les années 1966-1967 par MM. Roosens et la société Simro... "(4) La société Simro était une des Sociétés anonymes contrôlées par les frères Eric et Franz Roosens.
Pont de la Quercinelle aujourd'hui (photo:
AvB)
Dans ‘Revue Quart Monde’, un habitant-témoin raconte d’une manière plus générale : “Les parcs résidentiels et domaines sont apparus à la fin des années 60, début des années 70. Certaines communes ont accueilli à bras ouverts des promoteurs de domaines de loisirs. Des ouvriers ont pu trouver là une résidence secondaire pour des vacances." (5)
Et voilà la naissance de La Forêt.
La N5 est bien connue comme route dangereuse, voire mortelle. Le lundi 10 décembre 2007 on pouvait lire dans La Dernière Heure: "Franz Roosens, agent immobilier de 75 ans bien connu à Charleroi, est décédé hier soir.Un dramatique accident est survenu, hier soir vers 18h, sur la route de Philippeville, (N5) à Gerpinnes. Franz Roosens, un agent immobilier de Tarciennes âgé de 75 ans, circulait en direction de Charleroi à bord de sa Mercedes S320 lorsqu'il a subitement dévié de sa trajectoire. Le septuagénaire a-t-il été victime d'un malaise au volant ? Toujours est-il qu'il est sorti de la route pour valser dans un fossé. La luxueuse berline a alors décollé pour heurter un arbre de plein fouet et s'immobiliser enfin dans les fourrés, le capot tourné vers les bois."
Actuellement, la SOFICO , la Société de Financement Complémentaire des infrastructures, créée en 1994 par le Gouvernement wallon, remarque: "Considérée comme un maillon entre le nord et le sud de l’Europe, la région de l’entre Sambre-et-Meuse manque actuellement d’une infrastructure de grand gabarit sur son axe nord-sud. La Nationale 5 ou E420, inscrite dans le Réseau européen de Transport (RTE), reste limitée actuellement au trafic entre le sud de l’agglomération de Charleroi et la ville française de Charleville-Mézières. Elle doit donc être dédoublée au gabarit autoroutier pour compléter cet axe européen qui va de Marseille à Rotterdam."(6)
Et voilà que le temps viendra que l’actuel petit village de La Forêt se trouvera tout près d’une ‘infrastructure de grand gabarit’.
JoMa
(1) A. Mousty, Neuville-le-Chaudron, Village aux trois Seigneuries, Cercle d’Études Historiques de l’Entre-Sambre-et-Meuse, 1967, p. 67.
(2) A. Mousty, Neuville-le-Chaudron, Village aux trois Seigneuries, Cercle d’Études Historiques de l’Entre-Sambre-et-Meuse, 1967, p. 68.
(3) Acte Conseil d’Administration de l’asbl CDRW, le 23 mai 1992, p.2. – devant Maître Vincent Dandoy, Notaire à Mariembourg.
(4) Justice De Paix de Couvin, jugement du 28 janvier 1999.
(5) http://www.editionsquartmonde.org/rqm/document.php?id=1637
(6) http://www.sofico.org/fr/les-missionsles-grands-ouvrages/la-n5-e420