La tradition des Grands Feux
Le Grand Feu : une des coutumes du folklore rural en Wallonie et donc aussi dans les villages de l’entité de Philippeville. Ce Grand Feu annonce la fin de l’hiver et le début du printemps ou encore la victoire de la lumière sur les ténèbres. C’est une tradition qui monte bien avant l’évangélisation. Dans nos régions, beaucoup de villages ont rétabli cette tradition des Grands Feux.
Felix Rousseau (1887-1981), historien renommé :
"Le Grand Feu consiste en un bûcher énorme – le plus énorme possible – formé de fagots, de bottes de paille, etc, recueillis dans toutes les maisons du village. Ce bûcher était toujours dressé aux mêmes endroits – un endroit fixé par la tradition – à un point culminant, une hauteur dominant toute la région, car il doit être aperçu le plus loin possible. Cet endroit traditionnel présentait souvent un intérêt archéologique, ancien lieu sacré très probablement.
Lorsque l’obscurité était complète, on allumait le feu selon un cérémonial traditionnel et l’honneur en était réservé, soit au capitaine de la Jeunesse ou ‘maisse djone homme‘ soit au dernier marié de l’année, soit au mayeur, soit encore à une personnalité que l’on désirait honorer spécialement. Dès que la flamme montait, les mains cherchaient les mains et les rondes commençaient. Aussi loin que la vue portait, les hauteurs, les tiennes les plus élevées se couronnaient de lueurs.
Maintes idées superstitieuses se rattachaient au Grand Feu : on prétendait que celui qui en voyait sept à la fois n’avait rien à redouter des grimaciers et des sorcières pendant un an. Le chiffre fatidique 7 est à souligner ici. Sept est un chiffre sacré dans presque toutes les religions. Autrefois, les braises et les cendres provenant du Grand Feu étaient vendues aux enchères et achetées par les cultivateurs. Répandues dans les champs, elles préservaient – disait-on – des rats et des souris et procuraient de bonnes récoltes. Quand on ne fait pas le Grand Feu, affirmaient les bonnes gens, Dieu le fait. C’est-à-dire qu’il y aura certainement un incendie dans le village au cours de l’année. La personne qui parvenait à franchir le brasier d’un bond était préservée des maux de ventre pendant un an".
AvB