Les espèces envahissantes
Introduction
Les espèces envahissantes sont des plantes ou animaux qui se propagent rapidement, au détriment d’autres espèces, déstabilisant ainsi l’équilibre de
l’écosystème et provoquant des dégradations environnementales importantes.
Il s’agit le plus souvent d’espèces « exotiques » introduites involontairement ou délibérément (animaux de compagnie, plantes d’ornement, d’élevages,
… ).
Qu’est-ce qu’un écosystème
Un écosystème est composé :
- d’espèces vivantes : animaux, plantes, champignons, micro-organismes, … (appelé biocénose)
- du lieu de vie dans lequel évoluent les espèces vivantes (appelé biotope) : il est déterminé par les éléments physico-chimiques qui composent le milieu
(tels que le climat, le type de sol, le relief, …)
Au sein d’un écosystème, les différentes espèces (biocénose) vivent en relation entre elles (interdépendance, prédation, … ) et en relation avec leur milieu de vie (biotope) et tendent naturellement à atteindre un équilibre.
Les êtres vivants, adaptés à leur environnement, évoluent et se régulent entre eux, permettant ainsi d’éviter toute prolifération d’une espèce au détriment
d’une autre.
La terre est divisée en plusieurs grands écosystèmes, délimités grâce aux grandes zones géologiques (montagnes, océans, mers) et aux températures /
climats.
Sans l’intervention de l’homme, au sein de chaque écosystème un équilibre se forme entre les différentes espèces de façon à ce que « chacun y trouve sa
place ». Chaque animal ou plante s’est adapté à une « niche écologique »(*) particulière (environnement spécifique, proies mangées … ), créant ainsi un délicat équilibre de façon à
ce que les populations puissent se réguler d’elles-mêmes et éviter les pullulations d’animaux sur plusieurs saisons.
Cependant, avec l’intervention de l’homme, ces écosystèmes sont régulièrement perturbés, plus vite que la nature n’est capable de les réguler …
Pourquoi les espèces envahissantes posent-elles problème ?
Tous les jours, avec les plantes étrangères qu’on installe dans nos jardins et cultures, les animaux que nous importons, ou simplement les animaux transportés involontairement dans les bagages et les soutes, des milliers d’espèces étrangères à notre écosystème sont introduites dans nos régions. La plupart d’entre elles s’éteignent d’elles-mêmes (pas d’autre individu pour se reproduire, climat inadapté, source de nourriture inexistante, … )
Cependant, il arrive parfois qu’une espèce se plaise et finalement s’installe, se développe, et finisse par poser problème.
1. Quels sont les facteurs principaux favorisant leur installation ?
- Manque de prédateurs : Une espèce qui arrive chez nous n’est pas connue des autres animaux indigènes. Elles n’ont donc pas de prédateur naturel à l’état sauvage. Aussi, leur population ne sera pas régulée naturellement grâce à la prédation.
- Climat : si une espèce arrive et se retrouve avec un climat plus propice à son développement que son lieu d’origine, elle s’y développera rapidement.
- Ressources « faciles » et disponibles : Les animaux / plantes indigènes se retrouvent face à une espèce inconnue et n’ont pas encore pu développer de moyen de défense adapté à leur nouveau prédateur. Les animaux exotiques trouvant facilement dans notre écosystème les ressources nécessaires à leur survie pourront plus facilement se reproduire.
2. Quels sont les problèmes engendrés par une espèce envahissante ?
- Le problème des niches écologiques (*) (concurrence inter-espèces) : quand une nouvelle espèce arrive et s’installe, elle utilise une niche écologique qui est normalement occupée par une espèce de l’écosystème déjà en place. Cet animal n’ayant pas de prédateurs, il aura plus de chances de survivre que les espèces indigènes (locales).
- Dégradation des habitats : le biotope n’étant pas adapté à ces animaux (et/ou au nombre anormalement élevé d’individus), on constate une dégradation des
habitats où ces espèces se trouvent (sols abîmés, consommation excessive des ressources, pollution des eaux … )
=> perturbation de l’écosystème en général :
- Accaparement de niches écologiques au détriment d’autres espèces
- Destruction et pollution des habitats
- Prédation excessive
3. D’où viennent les espèces envahissantes ?
3.1. Les espèces importées volontairement :
Beaucoup d’espèces ont été importées volontairement par les humains, soit pour des raisons économiques (élevages,
zoos, agriculture, … ), soit pour des raisons d’ornement / compagnie.
Quelques exemples …
Pour l’industrie : le raton-laveur
Le raton-laveur a été importé des Etats-Unis pour exploiter sa fourrure.
Pour l’agriculture : la coccinelle asiatique
Plus voraces que nos coccinelles indigènes, les agriculteurs ont importés les coccinelles d’Asie à la fin des années ‘80 afin de lutter contre les pucerons et
autres larves problématiques pour les cultures. Elles ont proliféré, s’attaquant aux coccinelles européennes, aux fruits mûrs et à d’autres espèces d’insectes.
Pour des raisons ornementales : la berce du Caucase
Cette plante, originaire de Russie, a été importée en Europe et aux Etats-Unis pour servir d’ornement dans les jardins.
https://villagelaforet.jimdo.com/berce-du-caucase-%C3%A9limin%C3%A9e/
Animaux exotiques : la Bernache du Canada
Cet animal, aujourd’hui très répandu chez nous, a été importé volontairement pour être mis dans les basses-cours. Certains individus se sont échappés et se
sont reproduits dans la nature.
3.2. Les espèces importées involontairement :
Certaines espèces arrivent chez nous suite aux nombreux déplacements et transports effectués par l’être humain.
Quelques exemples …
Le frelon asiatique :
Probablement importé d’Asia via le port du Havre (probablement à la suite de l’importation de poteries), le frelon asiatique pose aujourd’hui de gros problèmes
en Europe.
La pyrale du buis :
Papillon nocturne, sa chenille se nourrit des feuilles et de l’écorce du buis.
En important du buis asiatique (moins cher), les Européens ont introduit involontairement la pyrale du buis. Le buis européen semble particulièrement fragile face à cette espèce.
4. Que peut-on faire face à une espèce
envahissante ?
1. Ne pas mettre dans son jardin d’espèces exotiques : favoriser les plantes régionales/locales
Pour trouver des plantes indigènes: https://www.ecoflora.be/FR/plantessauvagesindigenes
2. Ne pas importer d’espèces animales exotiques.
3. Ne jamais relâcher une espèce exotique dans la nature !
4. Prévenir la cellule interdépartementale Espèces Invasives du SPW, pour leur signaler sa présence : http://biodiversite.wallonie.be/fr/la-ciei.html?IDC=5725
5. Quelques espèces envahissantes dans nos régions (liste non exhaustive) :
Plantes : (généralement importées comme plantes d’ornement)
Balsamine de l'Himalaya (photo : capitphil - creativecommons.org)
Ailante glanduleux (photo : jlggb - creativecommons.org)
Solidage glabre (photo : Jouko Lehmuskallio - http://www.luontoportti.com/suomi/fr/kukkakasvit/solidage-geant)
Mammifères: (3 espèces importées et exploitées pour leur fourrure)
Ragondin (photo : Phil du Valois - creativecommons.org)
Rat musqué (photo : Kriss de Niort - https://faaxaal.blogspot.com/search?q=rat+musqu%C3%A9)
Raton laveur (photo : Kriss de Niort - https://faaxaal.blogspot.com/search?q=rat+musqu%C3%A9)
Insectes :
Coccinelle asiatique (introduite pour l’agriculture)
(photo : cquintin - creativecommons.org)
Oiseaux :
Bernache du Canada (introduite dans les basses-cours / oiseaux d’ornement dans les parcs)
(Photo de Kriss de Niort - https://faaxaal.blogspot.com/search?q=bernache+du+canada)
Autres espèces exotiques et/ou envahissantes :
- frelon asiatique (ne pas confondre le frelon asiatique avec le frelon européen qui, lui, est protégé !), moustique tigre (importés involontairement)
- chien viverrin, vison d’Amérique (animaux importés pour leur fourrure)
- muntjac, cerf Sika (individus échappés de parcs animaliers)
- rat surmulot (surpopulation due aux activités humaines)
- tortue de Floride, grenouille taureau, grenouille rieuse (animaux pour particuliers relâchés)
- ouette d’Egypte (importés pour les basses-cours)
- perruche à collier, écureuil à ventre rouge (animaux exotiques de compagnie échappés/relâchés)
- rosier rugueux, aster lancéolé, aster à feuilles de saule, cornouiller soyeux, renouée de Bohème, renouée de Sakhaline, rhododendron, spirée de Douglas
(espèces principalement introduites dans les jardins comme plantes ornementales)
Liste officielle : http://ias.biodiversity.be/species/all
(*) niche écologique : la niche écologique d’une espèce désigne la place qu’elle occupe dans son écosystème. Elle est définie par :
- l’endroit spécifique où l’espèce fait son nid (ex : sommet d’un arbre / extrémité d’une branche / trou d’arbre / dans une roselière / terrier, … )
- l’endroit où elle vit (ou biotope) (ex : rochers et falaises / forêts de feuillus / forêts de conifères / bosquets / mares, …)
- l’endroit où elle cherche ses proies (ex : insectes dans la vase / œufs dans les nids / bébés mulots dans les galeries / les poissons dans l’eau, … )
- le type d’alimentation (ex : végétarien / omnivore / carnivore / granivore, … + taille des proies)
Bibliographie :
Cours du Cercle des Naturalistes de Belgique, 2017
Formation de soigneur animalier en faune sauvage, CREAVES de Virelles, 2019
http://biodiversite.wallonie.be/fr/focus-sur-quelques-especes.html?IDC=5994
Texte : Angélique Arys