Deux chutes d’avions tout près de chez nous pendant la seconde guerre mondiale (1940-1945)
(Article 14 janvier 2016)
Dans la région de Philippeville-Cerfontaine, il y eut plusieurs avions anglais, américains et allemands qui tombèrent ou furent abattus, dont trois dans les environs immédiats de La Forêt : un Hampden en 1942 (voir : 6 avril 1942 : chute d’un avion anglais tout près de chez nous) un Junkers allemand, le 5 avril 1944 et un Thunderbolt américain, le 26 juillet 1944.
La chute du Junkers
Le 5 avril 1944 vers 19h, un avion Junkers 88 G tomba à Neuville, entre 1 km et 1,5 km au sud-est de Philippeville. L’équipage allemande, basée à l’aéroport allemand de Florennes, essayait de contrarier des avions alliés en route pour bombarder cet aéroport (voir : 6 avril 1942 : chute d’un avion anglais tout près de chez nous). Est-ce un accident ou du sabotage ? Ce n’est pas clair. Mais le Junkers tomba et trois jeunes gens y trouvèrent la mort. Il s’agissait du pilote Werner Oldenburg, né le 2 aoùt 1924, pas encore vingt ans, de l’opérateur radio Jürgen Clasen, né le 17 décembre 1923, 20 ans, et du mécanicien navigant Gerhard Wend, né le 5 mai 1923, à peine 20 ans.
Le type d’avions Junkers était conçu par la firme Junkers en Allemagne en 1935. Le Junkers (Ju) 88 était d’abord un bombardier rapide
et plus tard l’avion de guerre le plus polyvalent de la Luftwaffe et peut-être de toute l’histoire de l’aviation. Le Junkers fut utilisé de manière intensive dans les opérations menées par
l'Allemagne au-dessus de la France, de la Belgique, de l'Angleterre, des Balkans, de la Méditerranée et de l'Union soviétique. La version G du Ju 88 était un chasseur de nuit avec différents
radars, inclus un radar actif pour détecter des chasseurs de nuit ennemis.(1)
Junkers fut fondée en 1895 comme société métallurgique par Hugo Junkers à Dessa-Rosslau. D’abord surtout connu pour ses réchauds à gaz, la firme développe son premier avion Junkers, totalement en métal, en 1915 et, en 1928, c’était un Junkers qui traversait l’atlantique d’est vers l’ouest pour la première fois. Aujourd’hui Junkers est une marque du groupe Bosch, qui participe au Airbus Group. Anecdote marquante : après la première guerre mondiale, Herman Göring postulait chez Junkers pour devenir pilote d’essai, mais fut refusé.
La chute du Thunderbolt
Le 26 juillet 1944 vers 18h32, un avion Thunderbolt P47 tombait à Neuville, près du Pont de Grammont (N5), 2 km à l’ouest de Roly. Le pilote américain, le Lieutenant Harold J. Morris de Pensacola, Florida y laissa la vie. Morris avait pour mission d’attaquer les installations allemandes à Florennes.
En fait le Lieutenant Morris mitraillait les convois allemands sur La N5, qui transportaient des pierres de la carrière du Nord de
Frasnes pour réparer les dégâts de la piste aérodrome de Florennes. Un témoin : "Les balles touchèrent la cabine d’un camion tuant le chauffeur et le convoyeur. Le pilote qui était trop bas
n’eut pas la possibilité de reprendre de l’altitude, il écima 11 sapins avant de s’écraser dans une prairie au lieu dit ‘Pouriri’ non loin du pont de Grammont."(2). Les deux victimes du camion
étaient des Flamands, qui travaillaient à la base de Florennes. Le pilote Morris fut inhumé au cimetière de Juzaine (Florennes). Selon le langage officiel : Morris ‘percute le sol pendant un
straffing’, un ‘straffing’ signifiant ‘une passe-canon contre une ou plusieurs cibles au sol’.
Le Lieutenant américain Morris faisait partie du 82 Fighter Squadron de l’ USA Air Force (USAAF), stationné à Duxford aérodrome, situé
15 km au sud de Cambridge. Cet aérodrome fut construit en 1918, pour la plupart par des prisonniers de guerre allemands. Durant la seconde guerre mondiale, l’aérodrome était attribué à l’USAAF en
1943.
L’avion que pilotait Morris était un Republic Thunderbolt de 47, "un des chasseurs américains les plus importants de la Seconde Guerre mondiale, et l'un des avions les plus produits de tous les temps avec plus de 15 000 exemplaires construits... Il excellait dans les missions d'appui-feu des troupes au sol, qui devinrent rapidement son rôle principal."(3)
JoMa
(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Junkers_Ju_88
(2) Histoire & Témoignages 1940-1945 Philippeville, J. Couvreur, 2014, p. 47.