Claude Dehaye

Cerfontaine


Né le 1er (j'insiste) avril 1951.Etudes au collège St Michel à Gosselies; Licence en psychologie à Leuven...

Psychothérapeute et directeur au centre de santé Mentale de Dinant/Rochefort/Beauraing/Gedinne jusqu'en 2011.

Troisième chapitre de vie - la plus intéressante - consacrée  à tout ce qui rend passionnant le "métier d'être Humain" càd l'Amour sous toutes ses formes : stricto sensu et puis l'Art (autre forme d'amour) sous toutes ses manifestations quasi tant dans ce que l'Autre offre que ce que moi-même peux apporter (écritures : b.d., textes, poésie et photos), participation à de multiples concerts, organisations avec le centre culturel de Nismes (Action Sud) etc... et puis, last but not least , l'Humour décliné à travers d'écrits (B.D., textes...). Amour immodéré du classique , du Jazz , du contemporain ,du folk , de la chanson française etc...

Bref : "L'Amour , l'Art et l'Humour sont les rares moyens pour ne pas rester cramés au fond du wok" (Laô -Tseu , 5° S. avt J-C°).



Etre le futur

Et devenir l’histoire ...

Avoir été un devenir,

Avant d’être trace du devoir ...

Le présent s’appréhende

Comme un passage du gué.

Une porte vivante

De nos mondes immergés.

Le présent naît, s’alimente

De Fulgurances fugaces

Et, si elles sont des présents,

L’instant devient don du flux du vivant.

En rien, il ne menace

Ni avoir été, ni devenir ni disparaître ...

Peut-on, devenir l’être

Habitant ces eaux,

Ces rêves entre les rives ...

Ces rives entre les rêves ?

Etre le futur, devenir l’histoire

habiter son parcours,

s’abreuver de ses eaux qui s’évaporent,

là où naissent les nuages.

Etre cette pluie qui rafraîchit.

                                            Dé-rives


Couleurs du silence,

Celui du parcours immobile…

De mes lèvres,

J’ai appelé le vide,

Celui qui blanchit les pages

Et éclaire les visages,

Je suis ce regard livide,

Qui s’arrête et s’hypnotise

de ce paysage sans faim.

J’ai appelé ardemment le vide,

Avide, entier ...

Et, gourmet pour préparer ce voyage

Aux ingrédients indéfinis,

À leurs l’absences ultimes,

resurgira de l’intime,

celui qui gonfla la voilure

du nomade que je fus,

avant que de devenir l’objet avide

que je suis devenu.

                                           Dé-rives


Par fois. A perte deouïe

Entrent les notes,

Entre désordres et vibrations.

Et...oui, là...

Au-délà des chaos.

Animera, modulera

Les lignes horizontales, en étendant les gammes

D’escales miées

Aux chemins vers l’infini.

Vacuité de l’instant,

Du son dans le Temps,

Drapé de fines cendres

D’éternité périssable

Renaissant, se modulant

Dans les voûtes

De leurs résonances.

                                                                                                   Dé-rives... A giacinto SCELSI, l’homme du son.


Rencontre improbable

Insaisissables espoirs ...

Les courants bouillonnants

Charrient l’eau habillée de terre

Fruit de rencontres obscures

De sources assombries par l’humus acide.

Le soleil finit par surmonter l’horizon,

Éclairant les flux d’algues...

L’onde, redevenue translucide,

Projetait leurs ombres,

En halos habités

de surgissements improbables.

Et la vie ré-apparut,

Enchantement, enfantement,

De chairs mordues de désirs.

De renaître de l’autre,

De l’accoucher en reco-naissant son cri.

La liberté naît

Du surgissement des mots

Qui nous ont infiltrés.

L’empreinte des maux

Féconde notre langue

Et offre à nos bouches,

Habitées par le souffle du verbe recomposé,

La rencontre improbable,

Unique et indivisible,

De soi par l’Autre.

Et ce fut toi.


Génère-rations 

Voici que s’allument tous les nuages noir bordés d’or.

Les tourbillons se forment,

Grossis par les pluies torrentielles

Favorisant les courants dominants.

Incapables de nager sommes-nous,

Habitant des ondes,

De refuser de s’immerger

Dans ces eaux suroxygnénées

Et bordées de rives périlleuses.

Saurons-nous encore remonter l’onde

Bravant les pièges de l’homme ?

Pour mourir dans la source où nous sommes nés

Après avoir transmis notre empreinte

Dans une dernière étreinte ?

Les granulés suffiront-ils

Pour renoncer aux échelles,

Gober la violence d’une couleur saumonée

Et nous laisser violer notre laitance,

En fosse-commune, en étang clos ?

Incapables sommes-nous déjà

d’échapper aux courants dominants

remonter l’onde, les rives généreuses,

les gravières dangereuses

pour accomplir le cycle...


Un silence obscurci

S’immisce

Et s’y terre, ému de la respiration des corps.

Les vents s’allongent, essoufflés

Par la courbure des collines.

Ici, la beauté se fait terre,

Infiniment,

Portée par la couleur des Hommes.

Les pierres,

Seules,

Écoutent

Les pas incertains des fantômes

Que la poussière dévorera.

Ici, la beauté se fait terreur

Pour ces grappes de fruits

Éclairé de rais vermeils

Enfantés par ton regard, Sebastiâo.

                                         Dé-rives... A Sebastiâo Salgado


LA Tribut 

La peur tribale

Nourrit-elle la haine

De celui dont on ignore même sa mise au monde ?

L’homme, avant même qu’il ne le vit,

Écorche-t-il déjà l’autre et son ombre,

De mots et de désirs de vengeances

Pour des blessures réécorchées à l’envi

Et qui ne sont ni siennes, ni celles d’autres...

Combien de saisons

pour supporter le poids du monde

et ne pas sombrer, assommé,

par le banal d l’immonde

et devenir, soi-même déraciné ?

Les mots sont-ils témoins innocents,

Ou complices silencieux de transmission ?

La peur tribale écorche l’autre

Jusqu’au bord du néant.

L’Homme survit-il

À ceux qu’il invite à n’être que des cibles,

Des parties d’humanité qui eussent pu être siennes ?


Silences... 

Rivages immobiles,

Habités d’effleurements.

Le silence accroche,

Le silence accouche,

Le brouhaha de l’intime.

Emboîtant l’étrange,

L’infime,

La patience,

Dans la Verticalité du vivant...

Le silence m’accouche,

Être pensant

D’une vie clandestine.

Dans le souvenir d’être.

Dans le futur devenant

Ce qu’il ne fût avant.


Cul de sac 

Sur ces routes qui hoquettent.

Par ces chemins qui ne commencent pas.

Les pas se fendent en mouvements

De balance-ments,

Repoussant les rêves au fond de l’abîme.

Les battements des ailes basculent dans le vide

                 Car

Rien n’est plus pareil à qui veut ressembler

À ses semblables semblablement contrefaits.

Illusions mortifères, dévotions enflammées

Pour ces herbes sèches prenant feu

Sous leurs pas

Laissant, derrière elles,

L’âcreté de ne pas être

Et un sol où ne pouvoir s’enraciner.

Ah être premier et pantin,

Dans un monde horzontal

Monochrome et rutilant.